Petite digression : pour ce phénomène qu’on nomme aujourd’hui encore la guerre Amiga vs. Atari (les deux ordis 16 bits stars de l’époque), je n’ai pas d’avis et au final cela ne m’intéresse pas de trancher cette polémique sans grand intérêt, même si elle pimente encore parfois les échanges entre passionnés.
J’ai acheté tout d’abord deux jeux avant d’avoir mon Amiga : Project-X et Jim Power in Mutant Planet. Une fois mon Amiga acheté, le suivant sera Shadow of the Beast 3. Bien entendu, pas d’imprimante prévue, au grand désespoir de mes parents, qui pensaient que ce nouvel ordinateur allait aussi me servir pour travailler un peu ! Grossière erreur ! 🙂





Parmi mes meilleurs souvenirs vidéoludiques sur mon nouveau bijou, les parties de Sensible Soccer avec les copains de lycée, de Pinball Illusions ou Worms avec ma sœur, les courses sur Vroom ou Super Skidmarks, mes longues parties de Dune II : Battle for Arrakis (ancêtre des R.T.S. Warcraft et Starcraft de Blizzard) ou l’exploration des labyrinthes de Black Crypt (un de mes Dungeon Master-like préférés).
Autres jeux qui me reviennent en mémoire aujourd’hui : Cannon Fodder, Flashback, Frontier : Elite II, The Settlers, The Chaos Engine . Et un petit jeu diffusé en shareware 1 : Trick or Treat, où deux sorciers jouent à cache-cache et s’affrontent dans des labyrinthes en 3D avec des armes et gadgets désopilants.
1 shareware : on verse à l’auteur un petit quelque chose si sa création nous plaît, ancêtre donc du modèle de diffusion qui sera utilisé plus tard par id Software pour Doom sur PC, ou dans le domaine musical par le groupe Radiohead à la sortie de “In Rainbows“.
Mon Amiga et ses démos
Les magazines papier de l’époque m’ouvraient les yeux sur des jeux et des logiciels développés pour l’Amiga, mais aussi sur les démos (abréviation de démonstrations), qui allaient me marquer durablement.
Que sont les démos ? Des programmes informatiques destinés à démontrer à la fois les capacités informatiques de ses créateurs et la puissance de la machine sur laquelle elles s’exécutent.
La « scène », qui regroupe ces passionnés, continue plus que jamais à œuvrer sur tous les supports actuels, ou appartenant au domaine de notre cher retrogaming, même sur consoles ! (voir pouët.net)
J’ai un temps fait partie d’un groupe basé à Stiring-Wendel nommé Exalis, qui créait des démos en AMOS, un langage basic commercial de l’Amiga. Mon rôle était de faire connaître leurs démos en les transmettant à un maximum d’amateurs, et même en contactant des magazines directement (j’étais « swapper » du groupe).
Encore aujourd’hui, je suis bluffé par l’âge moyen (des ados ou jeunes adultes, à 99 % des hommes) qu’avaient ces artistes indépendants, qui nous faisaient voir et écouter des graphismes et musiques de grande qualité, harmonieusement rythmés sur des effets spéciaux informatiques concoctés par des codeurs de talent.
Réunis par affinité tels des groupes de rock, ils provenaient d’Europe (Scandinavie, Allemagne, pays de l’Est, France, Italie…) mais curieusement pas des U.S.A., lieu de naissance de… Commodore. Plusieurs d’entre eux travaillent ensuite dans le domaine des jeux vidéos Amiga (cf. les jeux Elfmania, Banshee, Super Stardust, Mr. Nutz – Hoppin’ Mad…).





Comme dans l’univers du tag ou du skateboard, soufflait sur le monde des démos un esprit de liberté rarement trouvé ailleurs. Ni sponsor, ni fédération, mais des gens épris du plaisir de créer en dehors de toute contrainte, et animés par l’esprit de compétition et/ou d’entraide. Plus proches des punks que des Petits Chanteurs à la Croix de Bois !
Un livre est même sorti couvrant le sujet :
Demoscene The Amiga Years – Vol. 1 : 1984-1993 – Éditions 64k (Merci DSDraz de me l’avoir offert !)
Aujourd’hui, je peux revoir toutes ces démos sur YouTube sans avoir à configurer un émulateur à m’arracher les cheveux, ou allumer une machine que d’ailleurs je ne possède plus : mon Amiga 600 puis mon Amiga 1200 – plus rapide et affichant plus de couleurs que son grand frère – en panne, furent jetés car prenant la poussière. Excusez le membre de GENERATION RETROGAMER pour cette erreur de jeunesse…
L’écoute régulière de musiques composées sur cette machine (de Jogeir Liljedahl en particulier, mais par des dizaines d’autres compositeurs également), me rappelle, telle une madeleine de Proust, cette période courte (1992-1995) mais importante durant laquelle l’Amiga me divertit avec mes amis, me fit découvrir la « scène » des démos, et rencontrer des passionnés comme le sont aujourd’hui les membres de notre association GENERATION RETROGAMER.
Merci à MiyaJi pour la mise en page, ainsi que la recherche de certains documents.
